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Catalogue en ligne

3 avril 2025 - une collection privée suisse
Provenance

Privatsammlung, Graz
Sammlung L. de Laborderie, Paris (dort mit zentraler Tafel mit Jungfrau Maria und Kind, umgeben von musizierenden Engeln)
Auktion Theodor Fischer (in Kooperation mit A. Mak, Amsterdam), Luzern, 27.7.1926, Los 38
Sammlung Abegg, Zug (1937)

Litérature

Léopold Delisle, Le Cabinet des Manuscrits de la Bibliothèque Nationale, Vol. I, Paris, Imprimerie impériale, 1868–1881, S. CLXXIII, Nr. 55, S. 257 und Nr. 969, Vol. II, S. 277, Nr. 1122, Vol. III, S. 191, Nr. 261.
Jules Guiffrey, Inventaires de Jean, duc de Berry (1401–1416), Vol. I, Paris, E. Leroux, 1894–1896, S. C.
Julius Held, Zwei Ansichten von Paris beim Meister des Heiligen Aegidius, in: Jahrbuch der preussischen Kunstsammlungen, Vol. LIII, 1932, S. 13. Max J. Friedländer, Le Maître de Saint-Gilles, in: Gazette des Beaux- Arts, Ser. 6, Vol. XVII, 79e année, 1er semestre, 1937, S. 223, Nr. 8 (S. 222, Fig. 2, mit Abb. sowie S. 223, Fig. 3, mit Abb.).
Grete Ring, A century of french painting 1400–1500, London, Phaidon Press, 1949, S. 232, Nr. 244.
Hans Vollmer (Hrsg.), begründet von Ulrich Thieme und Félix Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, Bd. 37, Leipzig, E. A. Seemann, 1950, S. 7.
Friedrich Winkler, Das Werk des Hugo van der Goes, Berlin, Walter de Gruyter & Co., 1964, S. 233 sowie S. 235, Fig. 187.
Charles Sterling, La peinture médiévale à Paris 1300–1500, Vol. II, Paris, Fondation Wildenstein, 1990, S. 250–253, Nr. 22, Fig. 228 und Fig. 229.
Guy-Michel Leproux, La peinture à Paris sous le règne de François Ier, Paris, Sorbonne, 2001, S. 104 sowie S. 108, Fig. 106.

Le Maître de Saint Gilles fut ainsi nommé en 1893 par Hugo van Tschudi d’après les deux panneaux illustrant la légende de ce saint conservés à la National Gallery de Londres (Saint Gilles et le cerf et La Messe de saint Gilles).[1] Quelques décennies plus tard, Max J. Friedländer s’empare à son tour du sujet et parvient à réunir un corpus d’oeuvres peintes homogène en s’appuyant sur des analogies d’ordre stylistique autour de cette personnalité qu’il considère de formation néerlandaise. On donne à présent au peintre dix-neuf tableaux sur bois formés de panneaux indépendants et de volets de retable.[2] La notice de Friedländer publiée dans la Gazette des Beaux-Arts nous apprend que nos panneaux avaient été mis en rapport avec la Sainte Anne Trinitaire autrefois conservée à Joigny en raison d’analogies stylistiques et de leurs dimensions comparables. Si cette hypothèse est aujourd’hui écartée en raison des lignes d’horizon qui ne peuvent se prolonger d’une oeuvre à l’autre, on sait que nos panneaux ont autrefois accompagné une Vierge aux anges figurée dans une abside, copie d’un célèbre modèle de Robert Campin, qui se trouve aujourd’hui dans la collection Johnson du musée de Philadelphie (inv. 458). Ce triptyque a été démembré avant 1916, date de l’acquisition de la Vierge par John G. Johnson. Selon Jacques Sterling, qui publie en 1990 un ouvrage sur la peinture médiévale à Paris, le Maître de Saint Gilles emploie pour la réalisation des deux volets un poncif disponible dans les ateliers flamands de la fin du XV e siècle. Julius Held et Friedrich Winkler mettent quant à eux en lien le panneau du saint Christophe avec la version qu’en donne le Maître au feuillage en broderie (Dresde, Gemäldegalerie Alte Meister, n° 802). D’un point de vue chronologique, Sterling situe nos deux oeuvres au début de la période française par rapprochement avec l’Arrestation du Christ (Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts) dans laquelle il voit des analogies dans l’exécution des visages. Dans son ouvrage sur la peinture à Paris sous le règne de François Ier, Guy-Michel Leproux propose d’identifier le Maître de Saint Gilles au peintre Gauthier de Campes, né vers 1468 probablement dans la ville de Tournai puis actif dans l’atelier de Jan Fabiaen en 1480 à Bruges où il devient Maître de la guilde en 1490. Il s’emploie à montrer que le Maître de Saint Gilles exerce dans d’autres domaines que celui de la peinture sur panneau en rapprochant son activité de celles d’autres peintres encore mal identifiés portant également des noms de convention tels que le Maître des Privilèges de Tournai et le Maître de Montmorency. Grand pourvoyeur de modèles pour le vitrail et la tapisserie, Gauthier de Campes apparaît comme l’un des cartonniers les plus féconds de la scène parisienne sous les règnes de Louis XII et de François Ier. L’historienne de la tapisserie du XVI e siècle, Audrey Nassieu-Maupas, a réuni autour de cette figure les cartons de quatre tentures de choeur du premier quart du XVI e siècle, la Vie de saint Martin de la cathédrale d’ Angers, la Nativité et la Présentation au Temple de Saint-Bertrand-de-Comminges ainsi que deux suites conservées à Reims, la Vie de la Vierge et la Vie de saint Rémi. D’autres cartons de tapisserie peuvent lui être donnés comme la tenture de l’histoire de saint Etienne à la cathédrale d’ Auxerre dont les patrons servirent également à la tenture pour la cathédrale de Sens contant la même histoire. Il fournit également les cartons pour des vitraux dont la plupart sont exécutés par le verrier Jean Chastellain. Gauthier de Campes est ainsi responsable, entre autres travaux, des décors de la baie axiale de l’ église Saint-Gervais-Saint-Protais à Paris et des vitraux de l’église Saint-Martin de Montmorency. Il est documenté à Paris vers 1500, date à laquelle il est chargé de dessiner le projet du nouveau pont Notre-Dame et semble encore vivant en 1530. Établi sur le pont Saint-Michel, il meurt entre novembre 1530 et la fin de l’année 1534. Ces deux panneaux sont publiés par Charles Sterling en 1990, qui ne les connaissait que par une photographie en noir et blanc. Il les donnait, comme Friedländer, au Maître de saint Gilles et l’attribution n’a pas été remise en cause depuis. Elle est acceptée par Guy-Michel Leproux en 2001.

1 – N° d’inv. NG 1419 et NG 4681. Deux autres oeuvres devaient compléter ce large polyptyque. Elles se trouvent à la National Gallery of Art de Washington : Le baptême de Clovis (n° d’inv. 1952.2.15) et un épisode de la vie d’un saint évêque (peut-être saint Rémi de Reims ou saint Leu alias Loup de Sens) (n° 1952.2.14).
2 – Charles Sterling divisait sa production en trois périodes : la période flamande qui débute vers 1495, puis le séjour parisien qui s’étend de 1499 à 1505 environ et enfin un retour dans les Pays-Bas méridionaux avec son Saint Jérôme conservé à Berlin qu’il rapproche du Baptême du Christ du Gérard David.
Catalogue en ligne 3 avril 2025 - une collection privée suisse Lot 302 Meister des Saint Gilles um 1500 tätig, erkannt als Gauthier de Campes

Heiliger Christophorus und ein heiliger Bischof
Öl auf Holz, Triptychonflügel
48 x 15,5 cm (2)

Estimation

CHF 12'000 – 16'000

Vendu pour

CHF 38'108

Provenance

Privatsammlung, Graz
Sammlung L. de Laborderie, Paris (dort mit zentraler Tafel mit Jungfrau Maria und Kind, umgeben von musizierenden Engeln)
Auktion Theodor Fischer (in Kooperation mit A. Mak, Amsterdam), Luzern, 27.7.1926, Los 38
Sammlung Abegg, Zug (1937)

Litérature

Léopold Delisle, Le Cabinet des Manuscrits de la Bibliothèque Nationale, Vol. I, Paris, Imprimerie impériale, 1868–1881, S. CLXXIII, Nr. 55, S. 257 und Nr. 969, Vol. II, S. 277, Nr. 1122, Vol. III, S. 191, Nr. 261.
Jules Guiffrey, Inventaires de Jean, duc de Berry (1401–1416), Vol. I, Paris, E. Leroux, 1894–1896, S. C.
Julius Held, Zwei Ansichten von Paris beim Meister des Heiligen Aegidius, in: Jahrbuch der preussischen Kunstsammlungen, Vol. LIII, 1932, S. 13. Max J. Friedländer, Le Maître de Saint-Gilles, in: Gazette des Beaux- Arts, Ser. 6, Vol. XVII, 79e année, 1er semestre, 1937, S. 223, Nr. 8 (S. 222, Fig. 2, mit Abb. sowie S. 223, Fig. 3, mit Abb.).
Grete Ring, A century of french painting 1400–1500, London, Phaidon Press, 1949, S. 232, Nr. 244.
Hans Vollmer (Hrsg.), begründet von Ulrich Thieme und Félix Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, Bd. 37, Leipzig, E. A. Seemann, 1950, S. 7.
Friedrich Winkler, Das Werk des Hugo van der Goes, Berlin, Walter de Gruyter & Co., 1964, S. 233 sowie S. 235, Fig. 187.
Charles Sterling, La peinture médiévale à Paris 1300–1500, Vol. II, Paris, Fondation Wildenstein, 1990, S. 250–253, Nr. 22, Fig. 228 und Fig. 229.
Guy-Michel Leproux, La peinture à Paris sous le règne de François Ier, Paris, Sorbonne, 2001, S. 104 sowie S. 108, Fig. 106.

Le Maître de Saint Gilles fut ainsi nommé en 1893 par Hugo van Tschudi d’après les deux panneaux illustrant la légende de ce saint conservés à la National Gallery de Londres (Saint Gilles et le cerf et La Messe de saint Gilles).[1] Quelques décennies plus tard, Max J. Friedländer s’empare à son tour du sujet et parvient à réunir un corpus d’oeuvres peintes homogène en s’appuyant sur des analogies d’ordre stylistique autour de cette personnalité qu’il considère de formation néerlandaise. On donne à présent au peintre dix-neuf tableaux sur bois formés de panneaux indépendants et de volets de retable.[2] La notice de Friedländer publiée dans la Gazette des Beaux-Arts nous apprend que nos panneaux avaient été mis en rapport avec la Sainte Anne Trinitaire autrefois conservée à Joigny en raison d’analogies stylistiques et de leurs dimensions comparables. Si cette hypothèse est aujourd’hui écartée en raison des lignes d’horizon qui ne peuvent se prolonger d’une oeuvre à l’autre, on sait que nos panneaux ont autrefois accompagné une Vierge aux anges figurée dans une abside, copie d’un célèbre modèle de Robert Campin, qui se trouve aujourd’hui dans la collection Johnson du musée de Philadelphie (inv. 458). Ce triptyque a été démembré avant 1916, date de l’acquisition de la Vierge par John G. Johnson. Selon Jacques Sterling, qui publie en 1990 un ouvrage sur la peinture médiévale à Paris, le Maître de Saint Gilles emploie pour la réalisation des deux volets un poncif disponible dans les ateliers flamands de la fin du XV e siècle. Julius Held et Friedrich Winkler mettent quant à eux en lien le panneau du saint Christophe avec la version qu’en donne le Maître au feuillage en broderie (Dresde, Gemäldegalerie Alte Meister, n° 802). D’un point de vue chronologique, Sterling situe nos deux oeuvres au début de la période française par rapprochement avec l’Arrestation du Christ (Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts) dans laquelle il voit des analogies dans l’exécution des visages. Dans son ouvrage sur la peinture à Paris sous le règne de François Ier, Guy-Michel Leproux propose d’identifier le Maître de Saint Gilles au peintre Gauthier de Campes, né vers 1468 probablement dans la ville de Tournai puis actif dans l’atelier de Jan Fabiaen en 1480 à Bruges où il devient Maître de la guilde en 1490. Il s’emploie à montrer que le Maître de Saint Gilles exerce dans d’autres domaines que celui de la peinture sur panneau en rapprochant son activité de celles d’autres peintres encore mal identifiés portant également des noms de convention tels que le Maître des Privilèges de Tournai et le Maître de Montmorency. Grand pourvoyeur de modèles pour le vitrail et la tapisserie, Gauthier de Campes apparaît comme l’un des cartonniers les plus féconds de la scène parisienne sous les règnes de Louis XII et de François Ier. L’historienne de la tapisserie du XVI e siècle, Audrey Nassieu-Maupas, a réuni autour de cette figure les cartons de quatre tentures de choeur du premier quart du XVI e siècle, la Vie de saint Martin de la cathédrale d’ Angers, la Nativité et la Présentation au Temple de Saint-Bertrand-de-Comminges ainsi que deux suites conservées à Reims, la Vie de la Vierge et la Vie de saint Rémi. D’autres cartons de tapisserie peuvent lui être donnés comme la tenture de l’histoire de saint Etienne à la cathédrale d’ Auxerre dont les patrons servirent également à la tenture pour la cathédrale de Sens contant la même histoire. Il fournit également les cartons pour des vitraux dont la plupart sont exécutés par le verrier Jean Chastellain. Gauthier de Campes est ainsi responsable, entre autres travaux, des décors de la baie axiale de l’ église Saint-Gervais-Saint-Protais à Paris et des vitraux de l’église Saint-Martin de Montmorency. Il est documenté à Paris vers 1500, date à laquelle il est chargé de dessiner le projet du nouveau pont Notre-Dame et semble encore vivant en 1530. Établi sur le pont Saint-Michel, il meurt entre novembre 1530 et la fin de l’année 1534. Ces deux panneaux sont publiés par Charles Sterling en 1990, qui ne les connaissait que par une photographie en noir et blanc. Il les donnait, comme Friedländer, au Maître de saint Gilles et l’attribution n’a pas été remise en cause depuis. Elle est acceptée par Guy-Michel Leproux en 2001.

1 – N° d’inv. NG 1419 et NG 4681. Deux autres oeuvres devaient compléter ce large polyptyque. Elles se trouvent à la National Gallery of Art de Washington : Le baptême de Clovis (n° d’inv. 1952.2.15) et un épisode de la vie d’un saint évêque (peut-être saint Rémi de Reims ou saint Leu alias Loup de Sens) (n° 1952.2.14).
2 – Charles Sterling divisait sa production en trois périodes : la période flamande qui débute vers 1495, puis le séjour parisien qui s’étend de 1499 à 1505 environ et enfin un retour dans les Pays-Bas méridionaux avec son Saint Jérôme conservé à Berlin qu’il rapproche du Baptême du Christ du Gérard David.